Dimanche 6 mars, les designers « vintage » se donnent rendez-vous place Saint-Géry à Bruxelles. Une occasion pour les amateurs du mobilier de l’après-guerre de découvrir les dernières tendances du meuble rétro. Mais ce charme de l’ancien a un prix et certains revendeurs en abusent. Décryptage
Bruxelles regorge de boutiques dites « vintage », que ce soit dans le quartier des Marolles, célèbre pour ses antiquaires, ou dans le centre. L’étiquette vintage plaît et cela se ressent, notamment dans le mobilier. A la différence des vêtements de friperie où les prix restent abordables, le marché du mobilier semble plus mystérieux.
« Vintage », une appellation qui se mérite. Sous certaines conditions, le meuble peut avoir cette dénomination, « l’objet doit être âgé de minimum 20 ans, ne peut être une réédition ou une reproduction » comme nous le rappelle Emmanuel Le Grand, expert en immobilier chez Pierre Bergé et Associés (ELLE). Cependant, de nombreuses grandes marques proposent ce type de meubles à des prix plus accessibles pour les particuliers, « le vintage neuf » ou le « néo-rétro ». Léone Laval Hart, fondatrice du festival Second Life, l’a remarqué chez Ikea où « leur collection est beaucoup plus chère que leurs meubles basiques ». Chacun semble avoir sa définition. Dans l’ère du recyclage, un objet de seconde main ayant seulement cinq années peut être considéré comme Vintage.Pourquoi cet engouement pour le vintage ? Il s’explique par une volonté du public de se démarquer, sortir de cet ordinaire « où tout le monde a la même chose chez soi » souligne Pablo gérant, de la boutique Concepto, rue Haute à Bruxelles. La recherche de mobilier de qualité joue un rôle essentiel dans l’enthousiasme que provoque le vintage. D’autres sont « nostalgiques des images, meubles de leur enfance » note Rachid, collectionneur.
Des reproductions à prix fort
Certaines décennies sont prisées par les clients, notamment « celles des années 50, qui sont les plus chères, car les plus anciennes » insiste Léone Laval-Hart. Même affirmation chez Stéphane, propriétaire d’un dépôt-vente du quartier des Marolles. « Les années 70 et 80, sont les moins demandées » rajoute Pablo, car plus fragiles si elles sont en mauvais état. La multiplication des revendeurs ne s’arrête pas aux rues mais sur la toile, nombreux vendent des meubles retapés sur les réseaux sociaux. En chinant sur les places de marché, ils donnent une seconde vie aux meubles puis les revendent auprès de particulier « à prix d’or » précise Léone.
Certains vont même plus loin, « Il y a clairement une exagération des prix d’une part, mais certains vendent des miroirs qui sont des reproductions en affichant qu’ils datent des années 20 » s’offusque Pablo. Il précise que ce genre de pratique est présente chez les antiquaires moins chez les revendeurs « vintage ». Des outils permettent aux clients de ne pas se faire duper comme des catalogues de maisons de vente en ligne, particulièrement sur le site Auction. Sur internet, il est plus difficile de se rendre compte s’il s’agit d’une copie ou une pièce d’origine, « il faut la voir, pour s’en assurer » ajoute Emmanuel Le Grand.
Un marché stable
Malgré l’augmentation de la demande, les revendeurs l’assurent « les prix n’augmentent pas » mais ne parleraient-ils pas de leurs fournisseurs ? « Un marché stable » assure Pablo, il admet que cette augmentation de vendeurs peut amener à une hausse des prix pour les particuliers mais il n’y voit pas de fatalité. « Cela reste dans la fourchette de l’occasion » rappelle le collectionneur, Rachid. Plusieurs commerçants s’approvisionnent dans les brocantes ou braderies, d’autres auprès de particuliers ou lors de bourse, « l’important est de fouiller ! » s’emballe Stéphane.
Le marché belge du vintage semble encore raisonnable pour Léone, « en France, les clients paient trois fois plus pour la même chose », beaucoup de marchands comme de particuliers viennent en Belgique ou en Hollande pour se procurer du mobilier vintage, plus présent et plus abordable. Cela prouve que le marché du vintage n’est pas « un phénomène de crise », il semble avoir un avenir prometteur.
Bruxelles n’est pas la seule ville où le vintage plait, en Wallonie les salles de ventes ne désemplissent pas.
Brussels Vintage Market
Dimanche 6 mars
De 12h à 19h
Halle Saint-Géry
Gratuit
Alice Lanneluc
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