Le Klub des Loosers, sort son premier EP en 2003 : Baise Les Gens, sur le label Record Makers. Le "groupe" est composé de Fuzati, rappeur versaillais, et du DJ Orgasmic Toxicologue qui s'occupe des instrus. Ce premier essai annonçait la couleur : diatribe contre les "Autres", apologie du cynisme et jeux de mots.
La première écoute est difficile, rap étrange, musique en décalage et plutôt artisanale, pas de coup de cœur. Il faut s'attacher aux textes, comiques et très souvent crus, voire grossiers, pas de poésie baudelairienne, mais une poésie moderne qui s'attache à des problèmes pouvant concerner tout un chacun. Ce qui accroche en premier lieu est la dimension comique de certains morceaux, "La Femme de Fer" entre autres, deuxième EP sorti en 2004.
Les thèmes abordés sont vastes, solitude, dépression, (dés)amour, traités sous l'auto-dérision, ce qui les différencie des autres rappeurs :
"Ah non ! Ce n'est pas parce que tu rappes et que moi aussi que je vais être obliger de parler avec toi
Tu es déçu ?
Peut-être espérais-tu que nous deviendrions amis ?
Que nous courrions ensemble dans une prairie avant de nous rouler dans l'herbe tous les deux au
ralenti ?" extrait "Baise les Gens".
Leur nouvel album "La Fin de l'Espèce" toujours avec Fuzati, comme figure de "leader" et Dj Detect, nous livre de nouvelles angoisses avec le même "cru-parler". L'âge d'homme ? Après les désillusions, et la perte définitive de l'enfance principal moteur de "Vive la vie" (premier LP, 2004), il se lance sur le grand sujet de la procréation, la parentalité et le sexe féminin. Toujours névrosé, toujours perdu, vie glauque. On ne pouvait en attendre moins, Fuzati a veilli et il nous parle d'une vie de trentenaire : enfant, travail, sexe. Une vision de trentenaire dépressif, dure, brutale, cynique. Prolongation de son premier album, le suicide n'est jamais très loin.
On peut rapprocher cette poétique musicale moderne de l'écriture de Charles Bukowski, représentant le monde qui nous entoure avec une lucidité presque effrayante, l'envers sombre et misanthrope du décors.
A.D
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